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Ulysse Josselin (@ulyssejosselin)

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Autofiction

Ulysse Josselin - @ulyssejosselin media

📖🪡 Retrouvez notre Essai Mode dans Sloft Édition 08. Dans L’Appartement fantôme, @ulyssejosselin se met en scène sous l’objectif d’ @iamalanmarty assisté de @ehoarn.desmas et habillé par @benoitppaquet. Auteur, scénariste et réalisateur, il nous offre une méditation mélancolico-décalée sur les espaces trop grands, où le vide est sensé combler le besoin de statut social. • Merci @bluemarbleparis @miumiu @emporioarmani @paulsmithdesign @acnestudios @fendi @driesvannoten @egon_lab pour leur participation.

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Une scène, deux regards , trop de références pour un seul lieu

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J’ai fait déborder la poubelle du consumérisme en y jetant des souvenirs pixelisés, morts en suicide assisté par l’algoritme. Je me suis enseringué à l’aube dans des cabinets haussmanniens, j’ai pensé que le vrai statement insidieux c’est de se rendre compte qu’on est déjà trop vieux pour être immortel. J’ai cherché des réponses chez ceux qui filment le silence, dans des clopes dorées, des scénarios inachevés. Cherché du sens dans la nuit, comme on cherche son embout USB-C dans le noir ; à tapoter le vide jusqu’en saisir quelque chose. Dans le reflet je n’aimais pas ce que je voyais, alors j’ai posté mes lectures comme d’autres postent leurs abdos. J’ai rongé mes ongles jusqu’au sang, le rouge était parfait - Cartier, Plaza Athénée, JMM, rouje Damas. J’ai pensé ; on oublie souvent la couleur de son sang quand on passe trop de temps à choisir la bonne police d’écriture, comme si on pouvait remplir le vide avec un lexique sybarite. Alors, j’ai fui. J’ai posé dans des piscines sans profondeurs, lu Genet à Madrid, baillé Kerouac à la Farmhouse, refermé Rinkel en Toscane, dévoré Tarkovski pour faire croire que je pense au temps - alors que je ne pense qu’au retard, ouvert Woolf dans le sud-est comme on ouvre tiktok, feuilleté Libé dans des paroisses sarkozystes. Je me suis demandé si je me constituais une bibliothèque ou bien un best of de Quotidien. Mes étagères ont grossi comme un corps qu’on évite dans le miroir - remplie non de livres, mais de phrases qui m’ont regardé plus intensément que certains. Et moi, entre deux vues, deux soleils, deux cris saturés, deux silences qui se prennent pour des dialogues, j’ai voulu être profond, alors qu’en fait, j’étais juste bien éclairé. J’ai pensé ; la présence aujourd’hui, c’est la fumée d’une vape goût sparkling water ice - elle traverse, mais elle ne marque pas. Face à la mer, j’ai arrêté de chercher où poser mes mains ; mes yeux ; le reste. Et dans un dernier soupir, je me suis dit que tout ça ressemblait à l’été : une sorte de parenthèse porno entre deux crises existentielles. Et puis, j’ai regardé autour de moi. Tout s’est effondré dans un silence monastique, et personne n’a pensé à applaudir.

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La mise en scène ; un art du doute

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Ces derniers mois, j’ai déménagé trois fois, claqué des portes, laissé traîner des cartons, cherché l’ancrage dans chaque mètre carré laissé vacant, j’ai vécu dans le seizième, le septième arrondissement de Paris, puis j’ai découvert Los Angeles sans savoir que six mois plus tard, j’y déménagerai - traversant le Marais et Beverly Hills, comme on enfile des perles hors de prix sur un collier sans fermoir.  Quatre mois à L.A, entrecoupés d’escapades, changer de décor pour tromper l’ennui - Las Vegas, plus qu’il n’en faut pour remplir les poches du Vide, Le Japon, admiré de loin, trop sacralisé pour que j’en capte l’essence, la Chine où j’y ai trouvé quelque chose de réconfortant sans pour autant pouvoir le nommer.  J’ai traversé villes, habitudes, passions, comme un funambule sans fil et qui défile en réalité sur un trottoir - comme si les risques de nos actions étaient bien contrôlés, que l’on joue la comédie du Monde en espérant que quelqu’un, quelque part, comprenne l’absurdité du spectacle. J’ai écrit, ré écrit, lu, relu, à la recherche d’un je-ne-sais-quoi, en espérant quoi que ce soit, et j’ai pensé ; à quoi bon empiler les phrases si elles finissent par s’effondrer sous leur propre poids. Je me suis perdu mille fois à la fenêtre, à la vue de l’immensité de cette ville, autant de lumière que de sacrifices, autant de palmiers que de blessures, autant de bagnoles à six chiffres que de névroses, des vues, pleins, qu’est-ce qu’il m’en reste, rien ; comme un décor qui menace de s’effondrer, L.A a pris feu, le ciel a perdu ses promesses et quelque part ; Paris m’a manqué. J’ai rit trop fort dans des rooftops qui surplombent une ville qui s’en fout, je me suis plaint du Blue Monday en faisant des offrandes au Chateau Marmont, j’ai bronzé en novembre, roulé en décapotable en février, pleuré en mars sans savoir pourquoi. J’ai compris qu’ici, on ne vit pas, on performe ; on ajuste ses expressions dans le rétroviseur de sa Tesla, on module ses façades dans le miroir de chez Equinox, on joue même quand on est pas acteur, avec toujours le même désir ; celui d’être aimé. L.A est une ville pleine de promesses - de celles qui n’engagent que ceux qui les croient.

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Peut-être que l’essence de ce que l’on donne, c’est ce que l’on n’est pas. Peut-être que ce qu’on n’a pas, c’est ce dont on s’insurge le plus, que l’histoire qu’on aimerait donner, c’est celle qu’on se raconte parce qu’on ne peut plus la vivre. On a traîné dans les recoins de ce pour quoi on s’est essoufflé, de ceux pour qui on a tenté de s’évader. Peut-être qu’on est dans un roman-photo qui s’alimente à la seule force de vouloir exister, de pouvoir se raconter, de n’importe quelle façon, comme un rodéo où le taureau serait des fragments de miroirs, renvoyant des bouts de lumière pour ne jamais vraiment sombrer, peut-être qu’on a essayé de vivre dans des postulats dont on aimerait maintenant s’affranchir, que la bataille a pris trop d’ampleur, que le jeu n’en est plus un, peut-être qu’il n’y a plus rien à écrire, pas plus à s’enrichir, à célébrer pour une fois non pas ce que nous cherchons à être, mais ce que nous sommes, non pas ce que nous avons été, non plus ce que nous ne serons jamais plus, mais simplement cette vérité que nous sommes, pour toujours, et à jamais, ce que nous vivons, avec ceux avec qui nous le vivons

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Précédemment dans la Vie

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Vivre des vies sans importance, habiter celles qui nous échappent, traverser celles dont on se fout. Surtout celles qui nous rendent fous. Croire capturer quelque chose, mais passer à côté - toujours. Passer de lobby tamisé en lobby tamisé comme on passe d’une histoire à une autre. Vivre des spectacles dont on est le metteur en scène, chercher des fins libres d’interprétation. Finir lobotomisé par des lustres Baccarat qui reflètent tout ce qu’on s’efforce d’effacer, mais qui ne se retrouve qu’amplifié. Signer son testament à la plume, faire des BBL comme on sort promener son chien, geste insignifiant pour vie insipide. Déborder dans des leggings Missoni Sport comme on déborde de lacunes comportementales. Courir avec le bruit des Saint Laurent qui claquent le bitume comme un compte à rebours sans fin, à part celle qu’on lui donne, au rythme de la ville, du cœur, des pleurs. Monter les ascenseurs des tours toujours plus hautes, toujours plus grandes, chercher celui social mais rester coincé au rez-de-chaussée. Mobilité collective en panne. De ceux qui finissent par s’arrêter toujours trop bas. Ne plus regarder les paysages cyniques, arrêter les regards brutalistes, ou peut-être l’inverse, pourvu que notre vision se stoppe aux gratte-ciels, pourvu qu’elle ne les transperce pas, pourvu qu’un jour tout s’arrête. Chercher le vide devant soi. Ne pas le trouver. Ne plus regarder devant, mais au-dessous. Monter pour mieux redescendre ; c’est ça New York City

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Zone Critique vous propose aujourd’hui une création inédite de @ulyssejosselin Dans un atelier d’art thérapie, on rencontre de drôles de personnes souvent marquées par la vie. En son sein, les frontières se brouillent et l’on a l’impression de pénétrer dans un autre monde où la notion de classe et de privilèges n’a plus de sens. Le narrateur ne sait finalement plus où se trouve la réalité : dans l’atelier ou à l’extérieur ? Un texte drôle et profond signé Ulysse Josselin. Pour lire le texte en intégralité, rendez-vous sur le site de Zone Critique ! #Littérature #litteraturefrancaise #litteraturecontemporaine

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Hollymood starring @galicecassagnes